samedi 6 février 2016

Les choses qu'on ne dit pas. (Partie 1 - Les projets)

Au fait, Micheline, tu as commencé à parler de ton blog à ton entourage ?

Oui, et non… C’est-à-dire qu’au départ, je n’osais pas du tout. C’était trop neuf, trop fragile. En parler ça aurait été trop de pression, j’avais peur que le projet ne m’échappe.

J’ai récemment lu une analogie (ici*) qui m’a beaucoup parlé. C’est celle du bambou chinois (non, ne partez pas, c’est bien !). C’est une espèce de bambou dont on plante les graines à un instant t mais qui ne daignera sortir du sol que 5 années plus tard. Alors il pousse de 12 mètres en une seule année !! (non mais 12 m, les gars, 6 Kobe Bryant empilés !! Un bambou !! )

(Kobe est sur le cul)

Pendant ces 5 années, il développe tranquillement sous la terre ses super racines qui lui permettront sa croissance supersonique, le moment venu.

Le parallèle développé ici est celui de la valeur de la préparation dans le secret, hors de la vue de tous, pour aboutir à un projet final plus solide, plus grand.

« Mal utilisée, la parole peut dilapider la sève d’une idée ou d’un projet et les priver de racines » nous dit Olivier Clerc, l’auteur. C’est exactement l’impression que j’avais, alors. Mon blog n’était encore qu’à ses balbutiements, il apprenait tout doucement à marcher, je n’avais donc pas envie de l'envoyer trop vite se casser la gueule dans le monde, ou en tout cas dans mon monde.

C'est pour cela qu'il m’a été beaucoup plus facile d’en parler à des inconnus, justement parce que nous sommes inconnus les uns pour les autres. Vous ne me connaissez pas, donc vous ne pouvez pas me juger (tu connais pas ma vie, ok ?), et si vous le faites, ce n’est pas moi que vous jugez, c’est Micheline… Donc mon bébé blog était à peu près en sécurité. En revanche, en parler à mes proches c’est leur donner une nouvelle image de moi-même. Et prendre le risque de les décevoir ou d’écrire pour ne pas les décevoir, bref, de perdre un peu la sève de mon projet, sa saveur initiale.

Waw, Micheline, tu es vraiment un puits de sagesse…

Sauf que (oui, il y a un sauf que, parce que toute cette histoire était trop belle). Sauf que ça c’est de la théorie, mais, moi, le secret ce n’est vraiment pas mon truc.

Surtout quand je suis alcoolisée, mais aussi quand je suis sobre, j’ai tant besoin de parler des trucs qui me tiennent à cœur (oui, je sais, c’est vraiment étrange comme comportement à non.). Et parfois, je regrette après coup (ça c’est peut-être un peu plus étonnant).

Enfin, ce n’est peut-être pas tant du regret que la peur (oh bah tiens !) d’en avoir trop dit, de voir mon projet dans les yeux de l’autre et donc de le perdre en cours de route. Bref, la peur que mon bambou sorte trop tôt de la terre et se casse la gueule (cette métaphore devait arriver).

(ou qu'un connard de panda lui fasse sa fête)

C’est quelque chose que j’ai déjà vécu… Et c’est vrai que c’est plus difficile de devoir « rendre des comptes » à quelqu’un d’autre qu’à soi-même. Même si, c'est finalement plus une question d’autojugement (comme toujours, n’est-ce pas ?). Mais quand même, on aimerait bien pouvoir dire autre chose que : « Ah, ce projet d’apprendre l’espagnol à des vaches ? Oh, non, j’ai laissé tomber ». Ne serait-ce que par flemme de devoir expliquer pourquoi. Parce que parfois, on laisse tomber parce qu’on laisse tomber et c’est tout.

Du coup, je suis là : « je le dis ? je le dis pas ? ». Et puis BIM ça sort ! Et après je suis là : « j’ai bien fait de le dire ? j’aurais peut-être pas dû ? ». (épuisante...)

Donc les questions, on se les pose toujours. Les sensations de gêne, elles sont un peu inévitables. Mais de toute façon, j'en parlerai, parce que... parce que ça sort ! L'avantage c'est qu'en général, ça ne sort pas n’importe quand ni avec n’importe qui. "mal utilisée, la parole peut dilapider la sève..." mais finalement, on peut se faire confiance pour bien l'utiliser, cette parole ! 


Tout ça pour dire quoi, les copains ? Tout ça pour dire que je commence tout doucement à en parler à mon entourage. A 4 personnes, très précisément. Des gens bien. A qui je sais que ça parlera, un peu. Et ça va, je suis toujours là !



To be continued...


*La grenouille qui ne savait pas qu'elle était cuite, et autres leçons de vie, Olivier Clerc. (petit livre très très éclairant, pour les fans d'analogies en folie, comme moi)

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