mardi 29 décembre 2015

Peur de l'immobilité

C’est quoi tes projets, Micheline ?

Je n’en ai pas vraiment. Par contre j’ai plein d’envies. Telles que (au débotté) :

-          Déménager
-          Me mettre en coloc
-          Adopter un chat
-          Me teindre les cheveux
-          Acheter un nouveau portable
-          Me faire un tatouage
-          M’investir dans du caritatif

Je passe beaucoup de temps à penser à ces envies. Certaines sont calquées sur des modèles, d’autres plus spontanées.

En tout cas, je passe beaucoup de temps à penser au futur. Cela m’étonne (agréablement, entendons-nous bien) car j’ai longtemps été plutôt une rumineuse de passé.


Enfin, je pense au futur principalement à court terme. Je reste incapable de me projeter sérieusement plus loin que dans 1 mois, hein. Mais je suis dans une phase où j’ai bouclé un cycle et je me demande quelle tournure je veux que prenne ma vie, dans quel sens je veux tourner le volant (amis de la métaphore, bonsoir). Quelle vie je veux ?

Parce que dans tous les cas, je veux une autre vie. Pas celle que j’ai présentement. Enfin, pas exactement. Il y a toujours un truc qui pourrait me faire aller mieux, rendre ma vie plus belle, meilleure, plus intéressante. Dans tous les cas il y a un quelque chose à bouger, à changer, à mobiliser.

En aucun cas il ne faut rester immobile.

Le fantasme de tout plaquer et partir (élever des lamas en Patagonie) c’est l’apogée de ce truc.

Mais sans aller jusque-là il y a tous ces (plus ou moins) petits changements que je souhaite. Tous ces trucs sur lesquels j’ai du contrôle. Tous ces petits coups de pieds que j’ai envie de donner dans ma fourmillière (j'aime vraiment les métaphores).

C’est bien, c’est pas bien, j’en sais rien. Je m’en fous. (Thug life)

On peut dire que tu as peur de l’immobilité, Micheline ?

Oui, je crois.

Pourtant il y a un truc paradoxal. Ces envies de changement, ce regard vers le futur c’est arrivé au moment où j’ai appris l’immobilité.

(twist de milieu d’article)



Enfin, l’immobilité en apparence. J’ai nommé la méditation. Peut-on faire plus immobile, s’il vous plait ?

Et pourtant. (voix de présentateur de TF1)

Et pourtant dans cette immobilité apparente, durant ces 10, 20 ou 30 minutes de posture corporelle, il se passe une multitude de choses. De pensées, d’émotions, de perceptions. Un tel voyage ! Donc finalement, l’immobilité, ça n’existe pas. Jamais.



Je ne sais pas si je réaliserai mes envies. Ce n’est sans doute pas grave si je ne le fais pas. Et si je le fais, je sais que d’autres prendront leur place, ce qui est chouette !

J’ai lu une phrase récemment que je regrette de ne pas avoir noté avant de rendre le bouquin qu'on m'avait prêté (celui-là*, suivez l'astérisque que vous ne voyez presque pas) puisque je vais devoir la reconstituer (très approximativement) de mémoire. En gros, prends soin du présent, le futur se charge de se créer tout seul

Par prends soin du présent, j’entends écoute-toi, suis tes envies ou ne les suis pas. Fais-toi du bien et fais du bien autour de toi. Mais ne t’inquiète pas de la suite.

Cet article c’est ça. Mes ressentis au moment présent. Sans analyse, sans intellectualisation. Sans conclusion.


Dèz dèz.


*La voie du bouddhisme au fil des jours, Olivier Raurich

dimanche 13 décembre 2015

Se comparer à des modèles : flippant et inspirant (flispirant ?)

Alors, Micheline, tu es contente de ce blog ?

Oui et non.

Pourquoi non ?

Parce qu’il pourrait être mieux. Il n’est pas assez bien, il n’est pas aussi bien que certains. Cette impression, je la redoutais avant de m’y lancer. Cela ne m’a pas arrêté mais cela aurait pu.

Ici, on parle de la peur de ne pas soutenir la comparaison (tu la vois la continuité avec l’article sur le jugement ?). Me comparer, c’est ma grande passion. Est-ce que je suis « mieux que » ou « moins bien que » ? (ouais, c'est pas glorieux mais on a dit qu'on était honnêtes)

(Spoiler alert : je suis "moins bien que" Beyoncé)

Internet est un excellent terrain d’expression de ce penchant. En écrivant cet article j’ai repensé à l’article de Jack Parker sur Madmoizelle : Blogs de filles : le syndrome d’une fille frustrée. Elle y explique que les blogs « de fille », type mode, DIY, lifestyle, etc, la font « fantasmer sur la fille qu['elle] aurai[t] pu être » et lui donne l’impression qu’ « elles font tout mieux qu['elle] ».

Je ressens un peu le même truc. Tu sais, comme si il y avait une meilleure version de moi qui était toujours là, à côté de moi, à laquelle je me compare sans arrêt. Cette nana idéale, appelons-la Princesse Michelle (tout ne peut pas être parfait chez elle non plus) elle ne me juge pas directement, non elle est trop sympa pour ça. Par contre moi, je me regarde, je la regarde, je me reregarde (bref…) et selon mon humeur cela peut être hyper motivant ou hyper déprimant.

Princesse Michelle (oui, je persiste) se construit à partir de tout ce que je vois, sur internet et dans la vie. Tous les gens qui m’inspirent, m’enthousiasment, me font fantasmer. Tous ces gens qui me font me dire : « j’aimerais trop être comme eux » (l’adolescence, ça s’arrête un jour, dis ?).

Le syndrome Princesse Michelle (et je signe) se décline sur plusieurs aspects, du moins frustrant au plus problématique, ici on ne prendra que l'exemple d'internet :

-  Le lifestyle. J’entends par là, la bouffe, la déco, les sorties, etc. Bref, le vivier d’Instagram. De ce côté-là, ça va. Enfin, la déco je m’en fous un peu. La bouffe, je ne suis pas assez équipée pour réaliser des folies de food porn. Mais j’ai plutôt l’impression de prendre le bon côté des inspirations de nourritures saines. Et ça passe aussi par un mode de vie plus sain et plus écolo. (même si Princesse Michelle est beaucoup plus écolo que moi, bien sûr !)

-  L’apparence. Les blogs, Youtube, Instagram, autant de sources infinies d’influence de la hype. Bon, ça c’est pas trop trop compliqué, avec un peu de sous et de temps, je peux me faire des make-up me maquiller, me teindre les cheveux, me mettre du vernis et m’acheter des fringues.
Non, cet aspect aussi, j’arrive plutôt bien à le maitriser. Par exemple, niveau fringues, j’essaie de ne pas tomber dans une débauche de consommation qui serait un peu en opposition avec mes idées écologiques et éthiques.
Même si je me surprends parfois à croire qu’un beau rouge à lèvres changerait totalement la face de ma vie.

(Encore elle ?? Non mais va t'acheter une vie, Beyoncé !)

-  Tout ce qu'il y a autour. Là, on part sur du vlog, voire sur de la Nuit Originale. C’est le plus compliqué à gérer. Et c’est ce qui me fait le plus fantasmer, je crois. J’appellerais ça la vie sociale, la vie amoureuse, le boulot de rêve, l'esprit, l'humour, la facilité apparente de tout ça... Le fameux : pourquoi ma vie n'est pas aussi cool que la leur ? 
Certes, internet a permis de renouveler les normes, de donner à voir des gens asexuels, introvertis (cf le chouette article de Mango & Salt Introvertie et heureuse) etc. Et c'est vraiment très très cool ! Mais malgré tout, Princesse Michelle, selon les moments, soit elle vit avec son mec et son chat, avec qui elle regarde Netflix le vendredi soir, soit elle a une super bande de potes avec qui elle refait le monde autour d’une bière avant d’aller se mater un nanar. En tout cas, Princesse Michelle est rarement seule.
C’est le point qui me turlupine le plus (j’avais complètement oublié ce mot, qu’il est joli !) or c’est aussi celui sur lequel j’ai le moins de contrôle donc -> problème.

Bon, on est d’accord, c’est basique comme façon de voir. Et, bien sûr, je caricature un peu.

Surtout que j’ai déjà pas mal évolué de ce côté-là.

D’abord en acceptant ces modèles. En acceptant la présence de Princesse Michelle (en vrai, c’est une nana plutôt sympa). Avoir des modèles, c’est bien, ça permet de s’améliorer un peu. En les choisissant plutôt en accord avec mes convictions, ma façon de voir, je pense que cela participe à faire de moi une meilleure personne.

L’accepter mais aussi la relativiser. Eh oh, Princesse Michelle, en vrai tu n’es qu’un fantasme alors bon, hein (oui, j’ai pas peur de mettre les points sur les i). Pour mieux revenir à Micheline. A ce qui est vraiment ma vie, ce que je peux toucher, ce que je peux voir, les gens à qui je peux parler, ce que je fais, ce blog.

Donc pour terminer : oui, je suis hyper contente de ce blog !


Il m’a été inspiré par des nanas supers, il y a un peu de Princesse Michelle dedans, mais surtout beaucoup de Micheline. Quand elles se rencontrent, c’est un peu la fête à la maison !

(Allez, B., c'est bien pour te faire plaisir)

dimanche 6 décembre 2015

La peur du jugement, épisode 1, partie 1.

Bon, Micheline, on attaque le gros morceau ?

Pff, je sais pas, j’ai un peu la flemme. Je sais pas par quel bout le prendre. On peut pas repousser ?

Non.

O-kayyy…

Le gros morceau c’est la peur du jugement. Rien que d’en parler j’ai un peu la chair de poule (oui, j’exagère).

Le plus simple (comme toujours) c’est de donner un exemple de la façon dont cette peur se manifeste : pendant la fabrication de ce blog j’ai eu la surprise d’avoir des voix dans ma tête.


Des voix et des images, hein, le truc en son et lumière. Des voix de personnes de mon entourage plus ou moins proche, de personnes que j’apprécie plus ou moins. 

Celles-ci, dans mon imaginaire, dénigrent ma démarche, ma façon de faire, mes tournures de phrases… Mais surtout la démarche en elle-même. Dans leur bouche (enfin leur bouche dans ma tête, niveau anatomie ça devient chelou mais on fera avec) ça peut aller du : « oh un blog, c’est mignon tout plein, tu as quel âge déjà ? » au « non mais pauvre meuf qui a pas de vie, qui fait un blog » en passant par « genre la meuf fait un blog sur la peur, elle se prend pour un coach développement personnel ou quoi ?? » j’en passe et des meilleures.

Ces personnes ne sont pas là (dans ma tête toujours, je resitue juste au cas où) par hasard. Ce sont toujours des gens que j’ai déjà entendu émettre des critiques de cet ordre, sans que j’en sois forcément la cible. Je recalque d’ailleurs certainement leurs expressions, leurs intonations, leur attitude. Parfois, ce sont même des gens dont j’estime les jugements (c’est d’autant plus dur à encaisser).

Tout cela rend le truc extrêmement réaliste. Pourtant on est dans de la science-fiction, dans mon cinéma intérieur. L’anticipation marche à plein régime : voilà ce que l’on va me dire. Et je suis persuadée qu'on va me le dire. (enfin, parfois on a de bonnes raisons de s’imaginer que telle personne pense telle chose de nous, et parfois on a raison. Mais si on n’a aucune preuve, alors on va partir du principe que c’est faux.)

Après tout, peu importe, je pourrais m’en foutre. Mais le problème c’est qu’ici on part sur du jugement de valeur. Ce n’est pas seulement ma démarche que l’on juge, c’est mon être, mon individualité, sa valeur. Et d’ailleurs, c’est même moins du jugement (supposé impartial) que du bashing en bonne et due forme.

Les gens sont vraiment des connards.

Wait…


Mais, Micheline, tu te rends compte de la violence que tu as envers toi-même ? :(

Je m’en suis rendue compte récemment, avec beaucoup de surprise. Il y a encore quelque mois, si on m’avait demandé de noter mon estime de moi j’aurais répondu 10/10, je m’aime bien, je m’entends bien avec moi-même.

Bah oui, forcément, la violence je la mets dans la bouche des autres. Comme quoi mon cerveau est parfois cool, il me trouve des stratagèmes pour mettre à distance la dureté avec laquelle je me juge sans appel. Mais ce stratagème est un mensonge.

Donc, cool, on a mis la violence à distance, tout va pour le mieux.

Sauf que le bât blesse quand même. Il blesse de plusieurs manières :

-  L’immobilisme. Forcément, je me freine, me réfrène, m’empêche de faire, de prendre le risque de voir se réaliser ma prophétie de dénigrement. Donc, il est plus prudent de ne rien faire, de ne rien dire, de rester tapi.

-  Le jugement, quand même. Il est impossible d’empêcher les gens de juger. Et c’est une erreur de croire qu’en ne faisant rien, ils ne te jugeront pas. Parfois, on provoque même ce qu'on veut éviter : j’ai peur d’avoir l’air bête, alors je ne dis rien. Certains vont alors se dire : « elle ne dit rien, elle a l’air bête. » CQFD

-  Le cercle de la vie violence. Tu as peur d’être jugée donc tu juges, à outrance, pour te rassurer, te dire que, toi au moins, quand même, c’est mieux que, pas comme, heureusement… Et quelqu’un, en face de toi, aura peut-être ta voix dans sa tête quand elle aura peur de faire quelque chose. On ne s’en sort pas.

Voilà, en gros, où j’en suis de mes réflexions sur tout ce bazar. C’est pas simple, et se culpabiliser de juger n’aidera pas, parce que la culpabilité est clairement un type de jugement

Donc, déjà prendre conscience du phénomène. Le digérer. Et essayer de faire l’effort de s’aimer pour contrebalancer toute cette haine qu’on se lance au visage tout le temps. 

On en reparlera sûrement.

En attendant...